Histoire
- XII Le Sacrifice -
Certains viennent au monde dans des circonstances plutôt étrange … Saviez vous que j’ai du sang noble ? Difficile a croire vus mon état, pas vrais ? Enfin, je suis un bâtard, donc ce n’est pas si étrange. Fils de Diable en plus : Abaddon, un Baron d’Hellas réputé pour son amour de la guerre et de toute forme de barbarisme. Ma mère, elle, était un ange qu’il avait ramené comme trophée d’une de ses guerres, une guerrière de la Lumière qui s’était rendue pour protéger ses compagnons d’infortunes des vices d’Abaddon. Elle s’appelait Ariel …
Je n’ai pas vraiment de souvenir agréable de mon enfance, le Baron n’était pas un homme aimant, même avec sa cour ou ses enfants. Nombreuses étaient les femmes prisonnières de ce sauvage, et nombreux étaient les bâtards qui pullulaient dans les couloirs. Beaucoup d’entre eux cherchaient tant bien que mal a attirer l’attention de leur Père en étant aussi mauvais que lui, mais il ne fallait pas se leurrer, nous étions tous les jouets d’Abaddon, que nous soyons avec lui ou contre lui.
J’étais une de ses victimes préférées, sa dernière acquisition et il ne se privait pas de me torturer. Je vous passerais les détails de toute les sévices que j’ai subis, si ce n’est que le nom qu’il m’a donné ne dérogeait pas a la règle. Bélial, le prince des mendiants, des misérables et des moins que rien. Jusque dans mon nom il venait m’humilier.
Ariel de son coté était bien plus aimante, malgré les circonstances de ma naissance. Elle me donna un autre nom, celui bien plus fier : Lucifer, le porteur de lumière, car comme elle était tout ce qui m’empêchais de sombrer dans la folie, ma naissance avait apporté un but dans la vie de ma mère, qui était bien lasse des abus d’Abaddon. Elle me partageait ses espoirs que je puisse quitter cette prison pour illuminer le monde comme je l’avais fait pour elle.
C’est au travers d’elle que je découvris en partie le monde extérieur. Elle me parlait en détails des anges, de leurs vertus, du combat qu’elle menait pour défendre les innocents du monde magique, et je me délectais de ses contes. Mais lorsque je lui demandais plus de détails sur ce que j’étais, elle m’avouait ne pas vraiment pouvoir m’aider, que bien que je ressemblais a un ange, je ne semblais pas être attiré par les vertus de ces derniers, et que si j’avais du sang de démon, je ne semblais pas être attirés par leurs vices. Tout ce qu’elle put me dire, c’était que j’étais un Nephilim, un mélange d’ombre et de lumière, d’ange et de démon, mais elle ne connaissait pas suffisamment le sujet pour me donner des réponses.
Dix années d’abus passèrent alors que les quelques instants libres étaient occupés par les contes d’Ariel. Mère avait un plan pour me faire sortir du domaine et me donner de quoi survive dans le monde. Elle disait qu’elle avait cacher quelque chose dans le jardin du palais, quelque chose qu’elle ne voulait pas qu’Abaddon puisse acquérir si elle venait a périr. La nuit était noire et humide, Ariel me traîna dans le jardin par le poignet alors que j’étais encore somnolent.
Une fois dans le jardin, Mère s’approcha du plus massif des arbres du jardin. Elle m’expliqua qu’il y a treize ans, lorsqu’elle est tombée dans les griffes d’Abaddon, elle venait souvent se recueillir ici pendant son temps libre, sachant que le baron n’aimait pas vraiment cet endroit. Elle y avait trouvé un endroit laissé a lui même, dépérit et mourant et décida d’y cacher l’arme qui l’avait toujours accompagné : Solarion, une lance d’or capable de canaliser le pouvoir du soleil pour éliminer le mal sous toute ses formes.
Une fois son énergie scellée dans le jardin, Solarion en a revigoré la flore, a tel point qu’Abaddon dut s’enquérir d’un jardinier, non pas pour entretenir le jardin, mais pour lutter contre son expansion.
Ariel tenait dans ses mains un artefact qu’elle avait longtemps laissé de coté, mais aujourd’hui, elle comptait bien se servir de ses pouvoirs pour me libérer de mes chaînes. Elle leva la lance vers le ciel, alors que cette dernière commençait a irradier de son énergie. Des filins de lumière et de feu commencèrent a en quitter la pointe pour se rassembler dans une Sphère s’élevant de plus en plus dans le ciel. L’afflux d’énergie s’intensifiait avec les secondes qui passait, si bien que quelques minutes plus tard, la présence de la sphère donnait l’illusion de l’aube.
La Sphère solaire trônait dans le ciel du domaine, sa chaleur irradiant la zone. Des veinules d’énergie commençait a apparaître sur le corps d’Ariel, qui semblait avoir du mal a canaliser l’énergie de son arme, mais cela ne l’arrêta pas. Elle pointa la lance vers le palais, et la sphère se mit a bombarder la zone sous une pluie de laser lumineux.
Au milieu de tout ce chaos, Ariel se tourna vers moi, chancelante et trébuchante. Un tel usage de Solarion semblait l’avoir grandement affaiblis, mais elle était déterminée a aller jusqu’au bout. Dans ses mains, Solarion se transforma en un orbe de lumière qu’Ariel laissa s’insinuer en moi. J’étais terrorisé après une telle démonstration de destruction, j’avais peur de ce que Solarion pourrait me faire, mais il n’en fut rien, si ce n’est qu’une marque en forme de soleil noir apparut sur le dos de ma mains droite.
Une fois le transfert terminé, Ariel me demanda de quitter les lieux, de fuir pendant qu’elle se livrerait a Abaddon pour l’assaut qu’elle venait de faire. J’ai donc pris la fuite, laissant derrière moi mon ancienne vie et la seule personne qui comptait pour moi. Ce jour là j’ai perdus mon auréole, ma lumière s’est tarie pour ne jamais briller a nouveau. Si j’avais sus, je l’aurais empêché d’accomplir son plan …
J’ai donc pris la route pour devenir mercenaire. C’est lors de mes voyages que je me découvris la particularité de pouvoir hypnotiser les gens pour qu’ils me confessent leurs désirs les plus profonds et inavouables, un atout notable pour décrocher les plus croustillants des contrats. Avec cette particularité, je n’avais aucun mal a me proposer comme LA solution aux problèmes de mes clients, même s’ils ne souhaitaient pas me partager leurs véritables désirs. La récompense n’en était que plus gracieuse, sûrement pour acheter ma discrétion en plus de récompenser mes performances.
Cinq ans durant j’ai voyagé en apprenant a dompter, difficilement, les pouvoirs que m’avait léguer Ariel au péril de sa vie. Quand je voyais la difficulté avec laquelle je canalisais le pouvoir de Solarion, je ne pouvais qu’imaginer la torture qu’elle avait dut subir en l’invoquant avec une telle ampleur.
Puis un jour, je fus abordé par un messager qui se réclama de la baronne Aria d’Hellas. Il connaissait ma réputation d’homme a tout faire, et me partageait que sa dame souhaitait discuter avec moi d’un problème qu’elle souhaitait régler. Il n’était pas rare que je m’occupe de quelques travaux pour les pontifes d’Hellas, mais cette rencontre allait changer beaucoup de chose.
Aria était une baronne mineure d’Hellas, que beaucoup souhaitait marier pour saisir ses terres, mais la lionne qu’elle était n’allait pas céder a ce genre de bassesse. C’est ici que j’intervenais. Mon lien de parenté avec Abaddon lui était arrivé aux oreilles, et elle comptait bien mettre en avant une relation entre nous deux pour éloigner les vautours, comptant sur l’ombre du Diable pour les effrayer et lui offrir un peu de paix. Officiellement, je deviendrais le musicien de la cour, et le soupirant préféré d’Aria. En échange, elle m’offrirait une vie de noble, a l’abri de toute préoccupation pécuniaire.
La vie de mercenaire commençait a me peser, et quelque part, je me sentais proche de cette femme qui devait lutter pour faire face aux hommes d’Hellas. Alors, j’acceptais son offre.
Ces années furent les plus agréables de ma vie, je me découvris une passion dévorante pour la musique et devint rapidement digne du titre que je ne faisais qu’emprunter au début, poussant Aria a m’offrir une lame enchanté capable de reproduire le son de n’importe quel instrument, pour peu que son porteur sache les manipuler : Musica.
Aria … Je découvris en la baronne une personne très intéressante, cultivée, courageuse, bien que bornée et solitaire. Elle n’avait jamais pus s’ouvrir a qui que ce soit, de peur d’exposer un point faible qui pourrait lui nuire. Je n’ai jamais osé lui demander ce qu’elle désirait, mais je pense qu’elle voulait simplement être l’égal des hommes, être reconnue pour ses qualités et ses valeurs, là où ses compères ne la voyait que comme une femme, humaine de surcroît, contrairement a la majorité des barons d’Hellas.
Je passais ainsi mes journées dans les petits papiers de ma Dame, me complaisant dans la musique qu’elle m’avait fait découvrir, oubliant presque tout du monde extérieur, alors que j’emplissais le domaines de mes mélodies. Mais la réalité revint au galop, lorsqu’Abaddon, ayant eu vent de la supercherie d’Aria, décida qu’il fallait punir une telle menteuse, et qu’il mena ses troupes pour écraser la mouche qui osait salir son nom.
Et au lieu d’assister Aria … Je me suis enfuis.
J’ai abandonné tout ceux qui m’avait tant donné, par peur pour ma vie, par peur de mon Père. Je repris la route, terrorisé par le mal qui semblait me poursuivre et torturer ceux qui prenaient la peine de se soucier de moi. Cette seconde perte me transforma a nouveau alors que … mes ailes … Se mirent a dépérir. D’abord les plumes qui perdirent de leurs éclats avant de tomber, puis les os qui commençait a s’effriter. En quelques jours, j’avais perdus toute trace de mon héritage, tout ce qui faisait ma fierté et celle de ma Mère avait disparus. Maintenant je n’étais plus qu’un homme sans le sous parmi tant d’autre, le plus grand de tout les parias.
Bélial, un nom approprié.
Mes errances finirent par me faire échouer a Ariadne, où je me mis a noyer ma peine dans l’alcool, la drogue, le sexe, tout ce qui pouvait me faire oublier l’ombre qui me surplombait et les blessures du passé.